L’Afrique subsaharienne fait face à un défi majeur en matière d’éducation, avec près de 98 millions d’enfants non scolarisés en 2021. Malgré des progrès significatifs ces dernières années, l’accès à une éducation gratuite et de qualité reste un combat de tous les jours pour de nombreux pays africains.
Éducation Gratuite : Clé pour Briser le Cycle de la Pauvreté en Afrique
Selon l’UNESCO, de nombreux pays de l’Afrique subsaharienne n’ont pas atteint tous les objectifs de l’Éducation Pour Tous (EPT) de 2015. Ce retard s’explique par de multiples facteurs : manque de financement, infrastructures insuffisantes, pénurie d’enseignants qualifiés. Mais le principal obstacle reste les frais de scolarité qui excluent de nombreux enfants issus de familles défavorisées.
L’éducation primaire gratuite est fondamentale pour garantir à tous l’accès à l’éducation. Cependant, dans de nombreux pays en développement, les familles ne peuvent souvent pas payer pour l’éducation de leurs enfants, ce qui prive d’éducation de nombreux enfants en âge d’être scolarisés.
Pourtant, l’éducation est un levier essentiel pour réduire la pauvreté et promouvoir le développement durable. Selon l’Institut d’Études de Sécurité, il est estimé qu’une amélioration de l’éducation en Afrique pourrait réduire le nombre de pauvres d’environ 47 millions d’ici 2043 et accroître le PIB de 368,4 milliards de dollars.
Des avancées encourageantes
Face à ce constat alarmant, de nombreux pays africains ont pris des mesures pour rendre l’éducation accessible à tous. En 2000, le Cadre de Dakar a appelé à « recourir à des mesures incitatives, des interventions et des politiques sociales plus larges pour alléger les coûts d’opportunité indirects qu’entraîne la scolarisation. « Depuis, 15 pays d’Afrique subsaharienne ont adopté une législation visant à supprimer les frais de scolarité. Au Kenya par exemple, la suppression des droits d’inscription a permis d’accueillir 2 millions d’élèves supplémentaires dans le primaire.
En 2024, l’Union africaine a désigné l’année comme celle de l’éducation, soulignant ainsi l’importance de garantir un accès à 12 années d’enseignement gratuit et de qualité pour tous les enfants du continent. Cette décision a été officialisée lors d’un sommet des chefs d’État et de gouvernement à Addis-Abeba, et reflète un engagement significatif des dirigeants africains en faveur de l’éducation.
Des obstacles à surmonter
Malgré ces avancées, de nombreux défis restent à relever. Les investissements publics dans l’éducation sont encore insuffisants dans de nombreux pays. En 2024, neuf des 49 pays africains ont consacré 20% ou plus de leurs dépenses publiques à l’éducation, ce qui représente moins d’un pays sur cinq. Cela indique que la majorité des pays africains ne respectent pas la recommandation de l’UNESCO concernant le financement de l’éducation. Les inégalités d’accès persistent également, notamment entre zones urbaines et rurales, et entre filles et garçons. En Afrique subsaharienne, seulement 44% des jeunes en âge de fréquenter le secondaire sont scolarisés. La qualité de l’enseignement est aussi un enjeu majeur. Trop souvent, les élèves ne maîtrisent pas les compétences de base en lecture et en calcul à la fin du primaire. Des réformes ambitieuses sont nécessaires pour former et mieux rémunérer les enseignants, adapter les programmes aux réalités locales et intégrer les nouvelles technologies.
Vers une éducation inclusive et durable
Pour relever ces défis, les experts s’accordent sur la nécessité d’une approche globale et concertée. Les gouvernements doivent augmenter significativement les budgets alloués à l’éducation, en ciblant en priorité l’enseignement primaire et préscolaire. Mais l’accès à l’école ne suffit pas. Il faut également garantir la qualité des apprentissages et l’inclusion de tous les enfants, quel que soit leur milieu social, leur genre ou leur handicap. C’est tout le sens de l’Objectif de Développement Durable 4, qui vise à « assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie. « Cela nécessite de repenser en profondeur les systèmes éducatifs africains, en s’appuyant sur les innovations pédagogiques et technologiques. Des expériences prometteuses existent déjà, comme les écoles communautaires au Mali ou les classes multigrades au Burkina Faso. Mais pour être durables, ces initiatives doivent s’inscrire dans des politiques publiques ambitieuses, adossées à des financements pérennes. C’est tout le sens de l’engagement pris par l’Union africaine en 2024. Un pari sur l’avenir, pour offrir à chaque enfant africain les clés d’un développement épanoui.