Inflation mondiale : Une menace croissante pour les entreprises africaines

La montée en flèche de l’inflation à l’échelle mondiale, alimentée par des crises géopolitiques et des perturbations économiques persistantes, pose un défi de plus en plus complexe pour les entreprises africaines. Le taux moyen d’inflation en Afrique subsaharienne a grimpé à 11,3% en 2023, une situation sans précédent depuis des décennies. Cette flambée des prix touche de plein fouet les entreprises du continent, en particulier celles qui dépendent fortement des matières premières et des produits importés, dont les coûts d’exploitation s’envolent. En conséquence, la compétitivité de ces entreprises est sévèrement affectée, compromettant leur capacité à survivre dans un marché déjà difficile.

Pour de nombreuses entreprises comme celle de Fatima Diallo, l’inflation crée un effet de ciseaux, où elles sont prises en étau entre la hausse des coûts de production et une demande de plus en plus volatile, ce qui rend l’adaptation aux nouvelles conditions économiques particulièrement ardue.

Stratégies d’adaptation limitées et coûteuses

Les entreprises africaines, face à cette conjoncture difficile, disposent de peu de solutions pour se protéger des effets dévastateurs de l’inflation. En effet, dans un contexte où le pouvoir d’achat des consommateurs est en net recul, les entreprises hésitent à augmenter leurs prix de vente de peur de perdre leurs clients.

Nous ne pouvons pas toujours répercuter l’inflation sur nos prix de vente, car nos clients n’ont pas les moyens de payer plus cher, souligne Fatima Diallo, dirigeante d’une PME sénégalaise opérant dans le secteur agroalimentaire.

Cette dynamique illustre la complexité de la situation pour les entreprises qui ne peuvent se permettre de repousser ces hausses de coûts vers les consommateurs.

En réponse à cette problématique, certaines entreprises tentent de diversifier leurs sources d’approvisionnement pour réduire leur dépendance aux importations, une stratégie qui reste néanmoins limitée.

Comme l’explique Amina Kebe, une autre chef d’entreprise sénégalaise, nous avons beau chercher des alternatives locales, il y a des intrants que nous ne pouvons pas nous procurer autrement qu’à l’étranger.

Cette dépendance persiste malgré les efforts pour localiser les chaînes d’approvisionnement, notamment en ce qui concerne les produits de base.

Parallèlement, certaines entreprises misent sur l’innovation pour contenir l’escalade des coûts. L’investissement dans des technologies de production plus efficaces, telles que des équipements consommant moins d’énergie, est une des stratégies adoptées pour compenser la hausse des coûts. Toutefois, ces innovations nécessitent des investissements considérables que toutes les entreprises ne peuvent se permettre.

Nous investissons dans de nouvelles technologies plus efficientes, comme des équipements de production à faible consommation énergétique, ajoute Fatima Diallo, tout en reconnaissant que ces efforts sont loin d’être à la portée de toutes les entreprises, surtout celles qui manquent de capitaux.

Rôle indispensable des pouvoirs publics

Face à cette situation alarmante, les gouvernements africains tentent d’apporter des réponses à travers diverses politiques monétaires et fiscales. Le Maroc, par exemple, a récemment réduit les droits de douane sur certaines importations stratégiques pour alléger la pression inflationniste, tandis que le Ghana a opté pour une hausse de ses taux d’intérêt directeurs afin de freiner l’inflation. Cependant, ces mesures, bien qu’elles montrent une volonté d’agir, ont jusqu’ici eu des effets limités. Les économistes plaident donc pour une réponse plus coordonnée à l’échelle continentale, afin de mieux contrer les forces inflationnistes globales.

Il devient impératif de repenser les modèles de développement économique en Afrique pour réduire la dépendance excessive aux importations et mieux valoriser les ressources locales. Une telle stratégie pourrait non seulement renforcer la résilience des entreprises africaines face à l’inflation mondiale, mais aussi stimuler une croissance plus durable et autonome pour le continent.

Il faut repenser les modèles de développement pour réduire notre dépendance aux importations et valoriser nos ressources locales.

En définitive, c’est une approche gagnante-gagnante qui pourrait redonner aux entreprises africaines les moyens de se développer dans un environnement économique mondial de plus en plus incertain.

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